Rodolfo Cazares séquestré



 il s'agit maintenant de plus de 500 jours


Rodolfo Cázares, autre cas de conflit franco-mexicain

Ecrit par : Anne-Marie Mergier               
Date de publication : 03 février 2013     
Dans : Proceso

(extraits)




            Depuis un an et demi, Ludivine Barbier Cázares traductrice française de 33 ans, mariée avec Rodolfo Cázares Solís, musicien et chef d’orchestre en Allemagne, livre une terrible bataille pour retrouver son mari disparu au Mexique.

            Elle remue ciel et terre. Frappe à toutes les portes. Multiplie les interviews avec les médias. Réussit à faire obtenir à son mari la nationalité française de manière rétroactive et à faire en sorte que le président François Hollande mentionne le cas Cázares durant sa réunion avec Enrique Peña Nieto le 17 octobre au Palais de l’Élysée. Enfin, elle réussit à ce que la disparition de son mari figure à l’agenda des relations bilatérales.
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Rodolfo Cazares

            Ludivine et son mari ont été enlevés à Matamoros au Mexique le 09 juillet 2011 avec 15 autres membres de la famille. Parmi les victimes, se trouvaient six mineurs et un senior de 83 ans. Ludivine et Rodolfo vivaient dans la municipalité de Bremerhaven en Allemagne et étaient en vacances dans la famille quand ils se sont faits enlevés.

            Les femmes et les enfants ont été libérés la nuit du 11 juillet 2011, soit trois jours après leur enlèvement. Mais depuis le 27 juillet 2011, plus aucune nouvelle des hommes, à savoir son mari Rodolfo avec son père Rodolfo Cázares Garza, ses oncles Héctor et Manuel Alberto Cázares Garza et son beau-frère Rubén Luna Mendoza. Entre les 17 et 27 juillet 2011, quatre rançons de 25.000 dollars ont été versées en quatre fois aux ravisseurs, soit 100.000 dollars au total. Mais les otages ne sont jamais réapparus.

            Le 13 septembre 2011, Ludivine Barbier dépose plainte avec sa belle-mère, sa belle-sœur et ses tantes devant le Ministère Public de Matamoros. Le 30 septembre de la même année, elle rentre en France.
            Depuis, Ludivine a entamé un long chemin de croix policier et judiciaire.

 
 Avec javier Sicilia en décembre 2012 à Paris

L'enquête, un mystère

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            Le 7 mai 2012, dix mois après les faits, Gérald Martin, Consul Général de France au Mexique annonçait à Ludivine Barbier qu’une équipe de la Police Fédérale spécialisée dans les enquêtes d'enlèvement pensait aller à Matamoros pour enquêter sur ce cas.

            « Nous n’avons jamais su si cette enquête avait été menée ou pas, ni quand ni comment, ni sur quoi elle avait bien pu déboucher d'ailleurs. Les autorités policières et judiciaires mexicaines nous donnent des informations au compte-gouttes, quand elles les donnent. Au début, nous nous n'étions même pas en possession des copies de nos plaintes. Comme les policiers s'étaient déplacés jusqu'à notre domicile pour prendre nos dépositions, il n’y avait ainsi pas moyen de faire des photocopies de celles-ci. Les agents nous avaient promis de nous les faire parvenir rapidement, mais ça n’a pas été le cas. Le Consul Général de France n’a jamais pu récupérer ma plainte non plus. Finalement, c'est la famille de mon époux qui a réussi à se les procurer en janvier 2012, quatre mois après les démarches » déplore Ludivine Barbier.

            Le 15 octobre 2012, 15 mois après les faits, le sixième juge de district en matière pénale de l’État de Jalisco a été désigné pour instruire le cas de la famille Cázares.

Rodolfo Cazares

            « Quelles sont les investigations menées par Francisco Martín Hernández Zaragoza ? Qu’a-t-il découvert ? Son enquête avance-t-elle ? Mystère. Personne ne nous dit rien. La famille de mon époux a su que des agents de la SEIDO devaient interroger trois délinquants qui n’étaient pas directement impliqués dans notre affaire en prétendant que cette démarche pourrait donner de nouvelles pistes. Qu'en est-il de ces nouvelles pistes ? Nous donnent-elles de l'espoir ? Mystère. »

            « Ce même mois d’octobre 2012, nous avons su aussi que les autorités  mexicaines allaient mettre en œuvre la convention d'entraide judiciaire signée avec leurs homologues états-uniens afin d’interroger Rafael Cárdenas Vela, membre du cartel du Golfe et chef du secteur de Matamoros arrêté et emprisonné aux États-Unis. Selon l’agent de la SEIDO Rosario G. Sandoval Medina, José Eduardo Costilla Sánchez, baron du Cartel du Golfe détenu au Mexique, aurait signalé Rafael Cárdenas Vela comme commanditaire de notre enlèvement. Ont-ils pu interroger Cárdenas ? Mystère. »

le monde de la musique se mobilise pour Rodolfo Cazares: ses collègues

L’espoir

            Barbier confesse qu’il est difficile de lutter jour après jour sans se décourager. « Ce qui me fait le plus mal, c’est d’être confrontée au regard de compassion de ceux qui ont déjà enterré Rodolfo. »
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            L’association Otages du Monde, lui a manifesté une solidarité immédiate, et a adopté Rodolfo Cázares parmi les victimes qu’elle défend. Cette organisation regroupe, conseille et aide les familles d'otages français à l'étranger.

            Actuellement, neuf otages français sont détenus par des groupes islamistes radicaux au Sahel et au Mali. Rodolfo Cázares est le dixième otage français. Mais le Ministère des affaires étrangères français fait une différence entre le terrorisme islamiste et le narcoterrorisme. Il ne reconnaît ainsi pas Rodolfo Cázares comme otage.

Ludivine Barrier, Patricia Philibert(otages du monde), 
Frédérique Santal et Paty Vilo(broder pour la Paix)

            « C’est absurde » commente Patricia Philibert, Secrétaire générale d’Otages du Monde. « Rodolfo Cázares a été enlevé, et est détenu de façon arbitraire. Il passe de la catégorie « sujet » à celle « d’objet de négociations et de sauvetage ». C’est un otage, quoi qu’en dit le Ministère des affaires étrangères.

            Parmi les portes auxquelles a frappé Ludivine Barbier, il y a celle de « Los Pinos », résidence officielle du Président mexicain. Le 5 décembre dernier, le Consul Général de France au Mexique a fait parvenir une lettre au Cabinet de la Présidence dans laquelle Ludivine demande une audience avec le Président Enrique Peña Nieto.

            Une semaine plus tard, le 12 décembre, Ludivine donnait une copie de cette  même lettre au Chef de chancellerie de l’Ambassade du Mexique en France, Juan Andrés Ordóñez Gómez. Ludivine était en outre accompagnée de Frédérique Santal, qui a aussi signée cette lettre, et dont le frère Olivier Tschumi a été enlevé le 19 décembre 2010 à Cuernavaca, dans l’État de Morelos. Cet entrepreneur suisse, résidant au Mexique depuis 20 ans, n’a jamais été libéré non plus bien qu’une rançon de 10.000 dollars ait été versée aux ravisseurs.

            Aux cotés de Ludivine et Frédérique, se tenait le célèbre poète mexicain Javier Sicilia.
Frédérique Santal, Javier Sicilia et LudivineBarrier

            « Ça a été très important pour nous de nous sentir épaulées par cet homme que nous respectons tant » commente Ludivine. « Malgré le grand soutien de nos proches et de amis, nous nous sentons très seules en Europe. Peu de gens comprennent ce que nous vivons. Javier Sicilia, à l'inverse, est passé par les mêmes épreuves difficiles. Son empathie fut un véritable baume à notre âme et, à travers sa personne, nous nous sommes senties enlacées par les milliers de mexicains qui vivent le même cauchemar que nous. »

            Ludivine Barbier attend toujours la réponse du Président mexicain.

Traduit de l’espagnol par Paty Vilo et Ludivine Barbier

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